Ostéopathie et escalade : le binôme gagnant

La pratique de l’escalade offre un double atout pour la santé du dos :

  1. renforcement combiné de la musculature postérieure et gainage abdominal

  2. étirement par la suspension, rare sport anti-gravitaire avec la natation

Or sa pratique répétée, en salle comme en milieu naturel, peut entraîner des micro-traumatismes par sur-sollicitation des différentes structures : articulations, muscles, tendons et ligaments, peu habituées  à supporter le poids du corps.

LES PRINCIPALES ZONES A RISQUE

  • les membres supérieurs : épaules, coudes, poignets et doigts à la grimpe,

  • les cervicales à l’assurage (position prolongée en extension),

  • les chevilles et genoux en réception,

  • le bas du dos lors du transfert de poids…

LES PRINCIPALES PATHOLOGIES DU GRIMPEUR

Qui dit sport complet ; dit pathologies variées !

La plus redoutée et spécifique au grimpeur est certainement « la poulie », dont la rupture partielle ou totale signifie un arrêt de la pratique pour au moins 6 semaines. Suite à un jeté ou à une traction violente, il s’agit d’une rupture du tunnel fibreux maintenant les tendons des fléchisseurs en contact avec les phalanges. C’est la position arquée qui est la plus génératrice d’accident, et principalement sur la poulie située sur la première phalange, le plus souvent localisée sur le majeur ou l’annulaire. La force appliquée sur le doigt d’un individu de 70 kg suspendu en position arquée approche les 450 Newtons alors qu’il en suffit de 250 N pour provoquer une rupture expérimentale.

Les articulations des doigts sont aussi fortement sollicitées, souvent augmentées de volume voire déformées, en raison des contraintes de poids qu’elles subissent. Les prises les plus délétères sont les mono- et les bi-doigts.

La surcharge des chaînes musculaires regarde principalement la flexion et la fermeture du membre supérieur (lors des tractions et en dévers), favorisant les « bouteilles », mais également l’extension du poignet et l’ouverture des doigts. Elle affecte également les muscles de la flexion et de l’extension du tronc.

Enfin, les conflits d’épaule sont fréquents, car cette articulation entourée de nombreux muscles, exige des recrutements musculaires inédits, notamment pour aller chercher des prises latéralement, le poids du corps y étant appendu.

QUELLE PREVENTION POUR EVITER LES LESIONS ?

Ces quelques conseils vous permettront de mieux préparer votre corps aux efforts en projet.

1. Tout d’abord, boire ! L’hydratation des tissus est capitale et le signal de soif ne doit pas être attendu. Boire régulièrement (de l’eau), en amont, pendant et suite à la séance est indispensable pour éviter l’épuisement cellulaire, maintenir l’homéostasie et donc l’apport suffisant aux muscles sollicités.

2. Limiter l’acidité du corps. Délétère pour les tendons, l’acidité peut être contrôlée par une alimentation plus basique qui fait la part belle aux fruits et légumes (alcalinisants). Les produits laitiers, l’alcool, le café, les sodas, et les protéines sont à limiter, de même que l’excès de sucres qui favorise l’inflammation. Préférez le (bon) gras (non transformé) !

3. S’échauffer ! L’échauffement se résume souvent à une marche d’approche pour arriver en pied de voie ou se lilmte à « une voie de chauffe » en pied de mur. Pourtant, prendre le temps de mettre en mouvement chaque articulation permet un réveil musculaire et un meilleur contrôle moteur lors de la grimpe. Cette étape est vivement recommandée pour que les muscles livrent leur pleine puissance sans forcer.

4. S’écouter ! Un mouvement peut déclencher une douleur, signal d’alerte envoyé par le corps. Il suffit d’adapter l’intensité, l’amplitude du mouvement ou changer de technique de grimpe pour éviter de sur-solliciter le système en alerte. Inutile de léser des fibres fragilisées, le temps de cicatrisation en serait rallongé et la frustration plus difficile à gérer.

5. Dormir ! Le sommeil est le temps de la récupération, de la filtration par le foie de nos 5 litres de sang, du regonflement de nos disques vertébraux… bref, le meilleur atout pour un système musculo-squelettique en pleine forme.

6. Prendre soin de ses doigts ! Parce que la toute petite taille de nos articulations n’a pas été construite pour suspendre notre poids de corps, la sur-sollicitation menace très vite. Le gonflement des articulations post-séance et la sensation de doigts gourds, est un signe de travail intense. Recette pour grimper longtemps : prenez le temps de les mobiliser activement (en « air piano ») puis passivement chacune de vos phalanges : tirez dans l’axe (sans craquer), tournez (sens horaire et anti-horaire), mobilisez de droite à gauche et de haut en bas. Cette gymnastique digitale permet de décomprimer l’articulation, donc de drainer l’inflammation et de permettre la bonne alimentation du cartilage.

QUELLE OSTEOPATHIE POUR ACCOMPAGNER LA PERFORMANCE DU GRIMPEUR ?

Le traitement ostéopathique des sportifs privilégie les techniques d’ostéopathie structurelle. En effet, les zones les plus souvent sollicitées dans la pratique sportive sont essentiellement d’ordres ostéo-articulaire et musculo-squelettique, accompagnées de douleurs musculaires. Bien entendu, il ne s’agit pas là d’une réalité figée et l’ostéopathe adapte ses techniques à son patient (âge, morphologie, antécédents, etc.).

Les techniques précises doivent être à la fois efficaces et sans danger pour ne pas nuire à la reprise de l’activité et à la récupération. L’objectif est d’éviter au maximum la mise au repos. Dans tous les cas, il permet de raccourcir considérablement la durée d’immobilisation ou de consolidation des blessures les plus graves (entorses et tendinites notamment).

Le traitement doit donner un résultat dans la séance, sur au moins un des paramètres de la pathologie : baisse de la raideur, gain d’amplitude articulaire, baisse de la douleur pour restituer les conditions qui permettent le retour à la physiologie. Conseils sur les techniques de grimpe à éviter/modifier temporairement et étirements complètent la séance.

 En aigu (moins de 3 semaines) ou en chronique (plus de 6 mois), ne laissez pas traîner douleurs et raideurs ! Alors pour préparer la saison, un séjour en montagne, récupérer d’une sortie grandes voies intense ou traiter « le quotidien du grimpeur », consultez votre ostéopathe !

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Ostéo et gynéco, le saviez-vous ?